DRESS induits par les inhibiteurs de checkpoint : 13 cas - 01/12/22
ToxiTEN, TOXIBUL, European Task Force “Dermatology for cancer patients” of EADV, FISARD, GCC
Résumé |
Introduction |
Les toxicités dermatologiques induites par les inhibiteurs de checkpoint (IC, anti-PD1, anti-PDL1 et anti-CTLA4) sont fréquentes mais restent souvent d‘intensité légère à modérée. Les formes graves sont surtout des éruptions lichénoïdes bulleuses. Les DRESS sont très peu décrits. Nous en rapportons 13 cas.
Matériel et méthodes |
Un appel à cas a été lancé à 5 réseaux de dermatologues français et internationaux. Les critères d’inclusion étaient : âge>18 ans, DRESS probable ou certain (score RegiSCAR≥4) survenu entre 2015 et 2021, avec un IC suspect.
Résultats |
Treize cas (6 pays) ont été inclus (7 femmes, âge médian 59 ans [42–83]). Les cancers les plus fréquents étaient un mélanome (n=6) ou pulmonaire (n=4). L’IC était: pembrolizumab (n=5), nivolumab (n=1), atézolizumab (n=1), combinaison ipilimumab+nivo (n=5), ipi+pembro (n=1). Au moment du DRESS, l’IC était prescrit seul (n=10), avec une chimiothérapie (n=2), et avait dans 1 cas été remplacé depuis 3 semaines par une thérapie ciblée (mais suspecté car demi-vie 20jours). Le délai médian de survenue du DRESS était de 22jours (3–111).
Onze patients (85 %) avaient de la fièvre, 7 (54 %) des adénopathies, 10 (77 %) un exanthème>50 % de la surface corporelle, 10 (77 %) un œdème facial, 2 (15 %) des bulles et 3 (23 %) une atteinte buccale. Un patient avait une atteinte pulmonaire et digestive spécifique. Une biopsie cutanée compatible avec un DRESS était disponible chez 12 patients (Figure 1). Huit patients (61 %) avaient une hyperéosinophilie, 4 (31 %) une hyperlymphocytose, 11 (85 %) une attente hépatique (cytolyse max 20N) et 6 (46 %) une atteinte rénale (créatinine max 4N). Cinq patients (38%) avaient une réplication virale HHV6 (n=2), EBV (n=3) et/ou CMV (n=1).
Tous les patients ont reçu une corticothérapie générale (CTG), de dose et durée variables. L’IC suspect été initialement arrêté dans tous les cas. Par la suite, 5 avec anti-PD1 suspect ont reçu un autre anti-PD1 sous couvert de CTG faibles doses, dont 4 avec bonne tolérance. Parmi ceux avec ipi+nivo suspects, un a repris la combinaison et un autre le nivo seul avec bonne tolérance. Les patients ayant atézolizumab ou nivolumab (en monothérapie) suspects ont récidivé à la reprise. À la date de clôture de l’étude, 7 patients (54 %) étaient vivants, tous en rémission partielle ou complète du cancer et 6 sont décédés du cancer (pas de décès lié au DRESS).
Discussion |
Notre série confirme la rareté des DRESS induits par les IC, ce qui va dans le sens de l’analyse de la littérature. Les données de pharmacovigilance apparaissent également limitées. Le délai de survenue est variable. L’évolution était favorable sous CTG. Tout comme dans certaines éruptions lichénoïdes ou bulleuses aux IC, le switch d’un anti-PD1 pour un autre semble possible sous couvert de CTG. Cette décision doit être prise au vu de la balance bénéfice/risque en contexte oncologique. La physiopathologie des DRESS induits par IC reste à préciser.
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Vol 2 - N° 8S1
P. A90 - novembre 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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